INTERVIEW : COMMUTER

Commuter

Commuter, producteur émérite de la scène électronique française

Photo de couverture : @ commuter PAGE FACEBOOK

Issu de la scène bretonne, artiste talentueux, Laurent de son prénom nous fait le plaisir de détailler son parcours et ses influences, entre simplicité et intimité.

Producteur chevronné, tu as signé de nombreux EPs et tu as travaillé avec des artistes prestigieux tels que The Hacker. Est-ce qu’il y a de prochains morceaux qui vont paraître ? Quelle est ton actualité côté production ?

J’ai eu la chance que Michel/The Hacker remixe un de mes morceaux il y a très longtemps oui …c’était Electrostate of Mind, ma première sortie vinyle sur Elektrofon … une autre époque. Concernant mon actualité, c’est vrai que j’ai levé le pied sur les sorties depuis quelques années, pour un tas de raisons artistiques, humaines … mais aussi en grande partie à cause d’un gros problème d’acouphène/hyperacousie, ce qui est bien handicapant pour un musicien électronique…(message aux jeunes, protégez vos oreilles…). Mais je suis toujours là ! Je viens de remixer NÖVÖ pour la deuxième fois, un projet electro/indus/EBM qui peut faire penser à du Front 242 période Geography ou Kraftwerk. D’autres remixes sortiront plus tard dans l’année pour divers projets, mais le gros chantier du moment, c’est la production de mon album … Après des années à dire et jurer que jamais je ne ferai d’album, que ça ne sert à rien, il a fallu que je passe le cap de la quarantaine pour me décider … je suis donc tel un novice face à ce défi.

J’ai commencé le projet il y a un moment déjà, mais j’ai mis un paquet de morceaux à la poubelle et j’ai donc recommencé plusieurs fois. Mon problème d’oreille est bien sûr responsable du fait que je bosse au ralenti, j’entends toujours très très bien, mais je fatigue très vite. A l’heure où je vous réponds, on va dire que j’en suis à plus de la moitié du taf, j’espère donc le finir pour la rentrée 2017 et ensuite le démarcher auprès de labels que j’affectionne. À suivre donc …

Tu nous avais fait le plaisir de faire parti de la première saison de notre podcast, il y a maintenant 4 ans. À la fois producteur mais aussi DJ, est-ce que tu te produis souvent derrière les platines ? Avec qui as-tu pu jouer d’ailleurs ?

Je ne me suis jamais considéré comme un « DJ », je l’ai fait parfois pour le fun, mais je me vois plus comme un « selecta », en fait je n’ai jamais voulu me placer en concurrence avec les collègues DJs qui jouent les nouveautés. En général mes sets sont plutôt à teneur « culturelle », c’est à dire jouer des trucs plus ou moins vieux et qui ont fait l’histoire des musiques électroniques, pour les faire découvrir à certains (ou pas), bref, jouer les trucs que j’aime et qui ont forgé ma vision musicale … donc pas forcément de la techno/electro ou house, mais aussi de l’EBM, de la new wave, certains trucs disco/italo, new beat etc. Pour répondre à votre question, non je ne joue pas souvent en tant que DJ, mais à 95% en configuration « live » et c’est d’ailleurs ce que je préfère !

Pendant mes quelques années de « carrière », j’ai eu la chance de jouer sur des plateaux sympas avec de nombreux artistes comme Etienne de Crecy, Nomenklatür, Agoria, DJ Deep, The Hacker, Traumer, Maxime Dangles, Rolando, Mondkopf, Julian Jeweil.

Bref, je ne suis pas là pour faire du name dropping hein ! Je pourrais d’ailleurs plutôt citer tous les artistes et collectifs locaux que j’ai eu le plaisir de croiser pendant toutes ces années, que ce soit DJ Lowen et Nikkolas Research, FenX, Red Sunrise à Saint Brieuc, et pas mal de gens à Rennes comme les anciens Midweek, les Silteplay etc …etc. … Merci à eux !

Le parcours d’un artiste évolue souvent au gré du temps, quel est aujourd’hui le style qui te colle le plus à la peau et pourquoi celui-ci ?

Je me suis fait connaître pendant ma période « techno mélodique » vers 2009/2010… C’était l’époque de la techno un peu minimale avec des mélodies, les trucs à la Popof, Julian Jeweil, Bodzin/Huntemann etc … Je me suis « adapté » à cette scène on va dire, et c’était sans doute une erreur, mais avant ça j’avais déjà sorti plusieurs trucs sur des compilations plus underground, et mon style était complètement influencé par l’electro « pure » à la Dopplereffekt, Anthony Rother etc… (oui l’électro au vrai sens du terme, parce qu’aujourd’hui le terme est un peu galvaudé et sert à décrire la musique électronique en général) , l’électro clash à la David Carretta ou Miss Kittin and The Hacker, la techno « épique » à la Vitalic première époque.

Pourquoi ? Et bien, évidemment parce que je suis un gosse des années 80 et un ado des 90’s, et que j’ai donc grandi avec cette esthétique. J’ai grandi avec le top 50 , Ken Laszlo, Koto etc… la new wave à synthés ,Yazoo … les débuts de la house music et de la new beat… Puis le son Techno du début des 90’s avec LFO. Ca m’a forcément marqué profondément, même si à 10 ans, j’étais plus intéressé par Star Wars que la musique à vrai dire ! Mais en grandissant je me suis rendu compte que j’étais imprégné de tout ça.

Le hip hop et le rap des débuts a aussi eu une influence considérable sur moi. Je regardais l’émission H.I.P/H.O.P de Sidney sur TF1 le dimanche, j’étais vraiment tout petit, mais voir les mecs faire du « smurf » et de la breakdance sur le Planet Rock d’Afrika Bambaataa, ça a forcément marqué mon inconscient.

En 2013, j’ai eu un gros ras le bol de la scène Techno en général, pas seulement artistique, mais tout ce qui va avec. Je suis donc revenu à mes racines en quelque sorte, à quelque chose de plus naturel pour moi, et mon style de prédilection est donc l’électro au sens robotico/kraftwerkien du terme, avec aussi une petite touche Techno et EBM. Je n’ai pas la prétention de réussir à sonner comme Kraftwerk ou mes modèles, mais c’est en tout cas ce qui me nourrit en tant « qu’artiste ».

J’aime aussi la techno pure et dure, mais je ne me reconnais plus dans la scène actuelle qui à mon humble avis se répète et tourne en rond, ce n’est que mon humble avis je le répète et c’est vraiment une histoire de goûts.

Je ne renie pas complètement ma période « techno », mais je n’en garde pas que des bons souvenirs pour un tas de raisons. J’entends encore de très bonne choses bien sûr, souvent des choses mélangées à de l’EBM ou avec une pointe d’électro d’ailleurs. Je ne dis pas que tout est nul, et je n’ai pas la prétention de proposer mieux (et d’ailleurs je suis trop vieux pour ça, c’est aux jeunes d’innover et de bousculer les choses). Mais la plupart des trucs que j’entends me font penser à la techno que j’écoutais en 1997. Sauf qu’à choisir je préfère ré-écouter les trucs de 97 (mode vieux con OFF), je trouve surtout que certains jeunes ou artistes du moment sont un peu trop conservateurs, je le suis aussi hein, mais moi je suis vieux c’est normal !

Je trouve qu’aujourd’hui on est un peu trop dans le « fonctionnel », enfin bon c’est normal. La musique électronique est devenue une industrie, il faut donc faire du « track » à la chaine. Perso, cet aspect là me saoule un peu. Tout ce schéma Beatport/Promo/feedback Dj’s/Booking je n’en peux plus, et je ne m’y suis jamais vraiment senti à l’aise. Mais je comprends tout ça, et si les gens y trouvent leur compte, qui suis-je pour remettre ça en cause ?

Je n’ai pas de jugement de valeur à avoir, c’est juste moi qui ne veut plus de ça. Y’a pas que le dancefloor dans la vie, mais bon, c’est sans doute l’âge aussi ! C’est moche de vieillir ! Les goûts et les couleurs hein, la techno c’est comme la philosophie, la politique, y’a plusieurs courants de pensée quoi … (haha).

Lorsque tu composes, est-ce que tu utilises ton propre matériel, est-ce que tu as un home studio ou tu vas dans un studio d’enregistrement ? Comment naît une production Commuter ?

Mon set-up studio est flexible et évolue sans arrêt, il a beaucoup changé à travers les années. Souvent pour des raisons techniques et/ou financières, il y a eu la période « full software » pour des raisons pratiques et économiques. Mais aujourd’hui comme beaucoup de gens je retourne progressivement vers le hardware et l’analogique, même si je suis un dingue de logiciels et d’Ableton LIVE. Pour moi l’idéal c’est un mélange des deux, le meilleur de l’analogique et du numérique.

Pourquoi ce retour vers le hardware ? Et bien déjà, le marché a complètement changé ! Aujourd’hui on peut acheter un synthé analogique midi à mémoire, neuf, pour 400 euros. C’était inimaginable il y’a 10 ans, donc souvent on se tournait vers les émulations logicielles par dépit. On pouvait aussi acheter des vieilles machines qui sonnent superbement bien, mais les plus rares coûtent très cher et il faut prévoir aussi des coûts de maintenance sur des bécanes qui ont parfois 35. Pour être honnête, il y a 10/15 ans les émulations de synthés analogiques sur ordinateur n’étaient pas vraiment à la hauteur … mais ça aussi, ça a bien changé, certaines émulations de 2017 sont vraiment incroyables … Bref aujourd’hui on a le choix, et l’idéal est d’utiliser le meilleur des deux mondes quand on le peut. Perso je ne suis pas un ayatollah de l’analogique ou du hardware (ou même du software d’ailleurs), j’adore ça, mais il est bien sûr possible de faire de la musique sans forcément en utiliser.

L’important c’est de se faire plaisir et d’être en cohérence avec son esthétique sonore et sa façon de faire

Certains ne supportent pas la souris, je le comprends … et bien aujourd’hui ils ont le choix et c’est génial, on vit un âge d’or au niveau matériel, synthétiseurs …

Mon set-up actuel me convient parfaitement, même s’il est dans la chambre à coucher et que ce n’est pas l’idéal (c’est ça la vie parisienne…). Je n’ai pas un matos très original : un Mac puissant, avec une très bonne carte son MOTU de dernière génération, une paire de moniteurs, des contrôleurs midi comme Maschine de Native Instruments, quelques synthés/expandeurs comme les Waldorf Pulse 2 et Blofeld, ou le Retrowave R1… et beaucoup de plugins comme Reaktor ou les produit de chez TAL.
Sinon, il m’arrive aussi d’aller bosser et collaborer avec mes amis de Nomenklatür qui ont un studio équipé de machines vintages comme les classiques TR808/909 ou le Minimoog Model D. Mes morceaux naissent donc d’expérimentations avec ces bécanes, et tout est centralisé et agencé dans Ableton LIVE qui pilote l’intégralité de ce joyeux bordel !

À ce propos, pourquoi avoir choisi le nom Commuter comme nom de scène ?

Quand j’ai commencé à me produire en live dans la région de Saint-Brieuc vers 1998, j’avais un autre pseudo (que je ne dévoilerai pas !). C’est à l’occasion de la sortie de mon premier morceau sur un support discographique en 2004, (la compil Axc Labs) que le nom Commuter m’a été suggéré par mon collègue LAAG qui chantait sur le titre ElectroState of Mind. Un « Commuter » c’est quoi ? Et bien en Angleterre, ça décrit celui qui fait le trajet Banlieue/Londres en transport, pour aller travailler … Cela collait parfaitement avec ma vie de l’époque, car pendant 5 ans c’est ce que j’ai fait, mais à l’envers. J’habitais Paris et je passais ma vie dans les transports pour aller bosser en banlieue… et puis le nom en lui même sonnait un peu comme « Computer », ou comme un commutateur, un truc connecté quoi ! Je trouvais que ça avait une connotation « technologique », bref, ce nom partait plutôt d’un truc négatif à la base, mais je l’utilise quand même depuis.

Tu as été plongé dans la scène avec le groupe Kraftwerk. Qu’est-ce qui t’a attiré chez eux en matière de sonorité et restes-tu autant fan de la première heure ?

La rencontre avec Kraftwerk s’est faite de manière « organique »… La collection de 45 tours de mes parents était vraiment horrible, on y trouvait de la musique populaire de l’époque, de la mauvaise disco etc… mais au milieu de ces horreurs je tombe sur le 45 tours de Radioactivity (qui visiblement appartenait en fait à mon oncle, car à l’époque on écrivait son nom sur ses disques !).

Je devais avoir quoi ? 7 ans peut-être, et c’est surtout la face B qui m’a envoyé une claque intersidérale. Le morceau « Antenna », on est en 1981 ou 82, à l’époque mes préoccupations c’étaient plus de regarder Goldorak ou Capitaine Flam, et de jouer avec mes figurines de Luke Skywalker et Dark Vador … Mais en entendant cette musique, ça va paraître un peu débile, mais j’ai vraiment eu l’impression d’entendre l’incarnation sonore de la science-fiction. En gros cette musique accompagnait parfaitement mes rêves de gamin accro aux dessins animés : plein de gros vaisseaux spatiaux et des robots. L’impression d’écouter le futur ! Ça paraît idiot aujourd’hui de dire ça, les sons électroniques sont partout, ça paraît banal, mais pas en 1982 !

Je resterai à jamais un fan je pense. Pour moi l’album ComputerWorld de 1981, est la pierre philosophale de la techno et de l’électro, un truc vraiment révolutionnaire dans le contexte de l’époque. Cet album est complètement dingue techniquement, esthétiquement, bref, je pourrai en parler des heures. On n’aura plus jamais d’albums de cette importance en musique électronique, c’est impossible … (j’espère me tromper lourdement).

Ils ont anticipé tellement de choses au niveau sociétal et technologique. Ils ont influencé aussi bien le rap que la house et on peut dire qu’ils ont inventé le concept même de techno. Alors certes le Kraftwerk d’aujourd’hui n’est plus aussi flamboyant niveau créativité, les shows 3D … bon … j’attends autre chose d’eux … mais pour 10000 raisons, ils ont mon respect éternel.

Tu voues également un amour immense pour un autre groupe de musique, Depeche Mode. Qu’est-ce que tu aimes chez ce groupe, quel est ton album coup de cœur, et surtout as-tu déjà proposé de remixer un de leurs titres ?

Vous êtes dingues de me poser des questions comme ça ! Oulalalala déjà que mes réponses précédentes sont longues, vous avez 2/3h devant vous pour que je parle de Depeche MODE ? Haha … Par où commencer, ça va être long et assez alambiqué. Comme je le dis plus haut, je suis un gosse des années 80. Mais finalement je n’ai vraiment accroché à Depeche MODE qu’en 1990 avec l’album Violator, mais j’ai bien sûr redécouvert toute leur discographie dans la foulée… J’ai donc fait le chemin inverse, certains se sont mis à la house ou à la techno via Depeche MODE, moi on peut dire que c’est un peu l’inverse.

En 1988 je n’avais que 13 ans et je suis tombé fou amoureux des premiers morceaux de House anglaise, de New Beat belge, des premiers trucs de Detroit… une autre méga claque de ma vie quoi… Le premier 45 tours que j’ai acheté tout seul comme un grand, autre qu’Ulysse 31, ça a été le Rock Da House des Beatmasters, qui était d’ailleurs le générique de l’émission « Ciel mon mardi » de Christophe Dechavanne. Ensuite, le fameux Theme from S-Express.

Bref … pourquoi je vous raconte ça alors que je devrais vous parler de Depeche MODE ? Et bien il y a un lien … En décortiquant les pochettes des 45 tours, je me suis rendu compte que ces deux disques étaient édités par un label qui s’appelait Rhythm King Records dont l’adresse était le 429 Harrow Road à Londres. Eh bien cette adresse c’était aussi celle de MUTE records le label de Depeche MODE, Yazoo , Nick Cave etc…..En creusant les choses, de fil en aiguille, à force de lecture de magazines de l’époque comme Best, de rencontres avec des potes fans de DM, j’ai commencé à faire le lien entre cette scène électronique naissante et celle déjà existante dans les années 80…

Devenir fan de Depeche MODE ce n’est pas seulement être « groupie », c’est vraiment rentrer dans un nouvel univers, et d’un coup découvrir une esthétique un peu bizarre, un peu dark, très très riche. Donc forcément tu t’intéresses à leur histoire, celle de leur label, tu y découvres des choses assez dingues comme DAF, Liaisons dangereuses, Fad Gadget ou le projet solo de Daniel Miller, the Normal… puis des groupes qui ont fait la première partie de leurs concerts comme Front 242 ou Nitzer Ebb. Depeche MODE a complètement ouvert mon horizon musical, grâce à leur propre musique bien sûr, mais aussi via cet univers lié à leur histoire… un vrai catalyseur … Que dire ? Avec Kraftwerk j’avais découvert cette froideur robotique un peu mélancolique et rétro futuriste, mais avec Depeche MODE, j’ai découvert que je pouvais aussi pleurer, souffrir et en même temps être apaisé par de la musique. Ressentir des émotions fortes avec ce mariage de musique high tech et une voix. Ou plutôt CES voix : Dave et Martin…. les arrangements et les sons d’Alan Wilder, les sons de Daniel Miller, la production de Gareth Jones ou Flood. Je comprends grâce à eux qu’on peut faire de la pop, électronique , froide et pleine d’émotions et en même temps exigeante, car oui DM est un groupe pop plutôt « mainstream »…

Je découvre donc qu’on peut être mainstream et ne pas se moquer du monde artistiquement. Les thèmes abordés, les chansons sur les ruptures amoureuses, le sexe, la noirceur etc.. bien sûr que ça parle à un ado de 16 ans qui se cherche, je le dis honnêtement sans dramatiser et sans faux semblants, oui Depeche MODE m’a sans doute sauvé à l’adolescence, de beaucoup de choses.

Aujourd’hui avec l’âge, j’ai plus de recul bien sûr, je n’aime pas le dernier album par exemple ! Mais ça ne fait rien, ce n’est pas comme si ils faisaient un peu parti de ma famille, comme des vieux potes … (c’est un discours de fan ça !). Cela fait 27 ans qu’ils accompagnent ma vie, j’écouterai leurs albums probablement jusqu’à ma mort et jamais je ne me remettrais du départ d’Alan Wilder.

Violator restera à jamais l’album de pop électronique parfait même si j’aime d’autres albums pour d’autres raisons.

Construction time again par exemple…Avec Kraftwerk, ils sont au sommet, intouchables. Ils m’ont tellement apporté, on peut dire que c’est vraiment eux qui ont fait que je m’intéresse aux synthés et machines. Ainsi je me suis décidé à acheter un synthé pour faire de la musique : je voulais être Alan Wilder ou Martin Gore sur scène avec un Emulator 2. Ils sont aussi responsables de mes âneries ! Si vous n’aimez pas ma musique et bien il faut vous en prendre à DM directement, c’est de leur faute haha !

Comment vois-tu évoluer la scène électronique ces prochaines années ?

Alors là … Je n’ai pas la prétention d’être un visionnaire ou de détenir la vérité, je peux seulement vous donner mon ressenti sur ce qui se passe actuellement, et ce sera forcément subjectif… mais déjà pour moi « la scène électronique » ça n’existe pas, il y a de multiples scènes qui interagissent entre elles, et aujourd’hui le truc positif c’est que chaque genre a sa niche et peut évoluer indépendamment …(merci internet).

Je peux tenir deux discours : l’optimiste en moi a confiance, et constate que certains jeunes sont vraiment passionnés par tout ça. Ils s’investissent à fond, ils font des choses géniales que ce soit artistiquement ou au niveau organisation de soirées, festivals, donc l’avenir est assuré je pense. Toutefois le pessimiste en moi constate aussi un certain statu quo artistique dans certains styles (pas tous), la techno en particulier. C’est mon ressenti, et peut-être que je me trompe et que je n’écoute pas les bonnes choses, n’étant pas DJ il est vrai que je ne suis pas un « digger » de folie pour dénicher les derniers trucs. J’espère que c’est ça, que c’est juste mon ressenti de vieux con, et que certains ne se gêneront pas pour me le dire après cette interview et je l’espère, me feront découvrir des trucs de dingue. Je n’ai plus cette impression d’écouter le futur aujourd’hui. Jamais je ne retrouverai cette sensation que j’ai eu en écoutant le LFO de LFO en 1991 ou le Killer d’Adamski …et je le sais…. c’est comme ça.

Soyons réaliste, il n’y a pas 100% de passionnés dans le public des festoches techno mais quoi ? 60 % à peine ? Les autres ont vu de la lumière et aiment bien faire la teuf tout simplement, et c’est d’ailleurs leur droit le plus strict, je ne juge pas ça. Cependant à mes yeux ce n’est pas un public à long terme pour la musique électronique, seul le coté festif, hédoniste du truc les intéressent. Ce n’est pas suffisant pour qu’il soit « fidélisé », car ce n’est qu’un aspect des musiques électroniques. Attention je ne dis pas que je suis contre ces gros évènements, contre la fête et la loi du dancefloor hein ! C’est aussi une certaine uniformité artistique dans ces évènements qui me gêne, mais je ne suis pas orga, y’a sans doute des raisons à ça, et je ne veux pas critiquer sans savoir… En gros vous l’aurez compris je ne me sens plus vraiment en phase avec certains aspects … je me rends compte en vous répondant que j’écoute de la musique électronique depuis 30 ans et que j’aime toujours ça, j’ai toujours la passion. Je suis peut-être un peu blasé par certains faits, c’est fort possible, mais honnêtement je vais pas faire le mec qui se la joue « djeuns » et qui trouve tout génial, je vous donne vraiment mon ressenti et ça reste donc du 100% subjectif.

Où peut-on te voir te produire prochainement ?

Je ne me suis plus produit sur scène depuis presque 1 an et demi, j’ai refusé des dates en partie à cause de mes problèmes d’oreilles qui d’ailleurs vont beaucoup mieux (un peu de positif). Pour l’instant ça ne me manque pas, j’attends de finir mon album pour avoir quelque chose à proposer d’intéressant et aussi que l’envie revienne naturellement, pour l’instant ce n’est pas le cas. Mais avec un album sous le coude, j’ai envie de proposer un truc un peu plus ambitieux, on verra …

Est-ce que tu as des endroits à nous recommander pour manger, boire et sortir parmi tous ceux que tu as pu visiter dans le Grand-Ouest ?

Pour ceux qui aiment manger sainement et un peu végétarien, il y’a un endroit que j’adore sur Rennes, c’est « Petite Nature », au 1 place de la Rotonde, pas loin de la place de Bretagne … que dire, ça déchire vraiment : des soupes à tomber, des burgers et sandwichs végés excellents, des bols dragons super goûtus. Dès que j’ai l’occasion de passer sur Rennes, c’est ma cantine.

Pour sortir, je ne vais pas faire dans l’originalité malheureusement, mais quand j’étais sur Rennes, j’aimais bien me rendre au Chantier et bien sûr au Combi Bar… J’ai hâte de pouvoir y retourner d’ailleurs !! ça fait longtemps !

COMMUTER LIVE @ FESTIV’ALL – RENNES (2013) from ALLIANCE on Vimeo.

Merci à Commuter pour ce grand et bel échange sans artifices, qui nous permet de ré-ouvrir l’esprit avec plaisir !