Définir la féérie d’un festival est toujours un moment compliqué, parce que la féérie elle-même est indéfinissable.
Même si chaque année Panoramas se tient toujours à Morlaix, parce que l’équipe organisatrice Wart y a ses bureaux (ainsi qu’une agence à Paris, ndlr), il y a toujours un petit quelque chose en plus, un petit je ne sais quoi qui fait que Panoramas est un événement incontournable dans la série des festivals bretons. Tel un gong qui retentit il sonne le début des « hostilités », et non seulement les festivaliers viennent de tout le Grand-Ouest mais aussi de Rouen, Paris, Limoges, Toulouse, Bordeaux (car oui nous avons interviewé plein de jeunes qui nous ont dit d’où ils venaient !). Faire le déplacement dans le Finistère vaut clairement le détour.
Nous arrivons le vendredi soir en covoiturage (car les grèves SNCF nous ont fait revoir notre planning) et ne tardons pas à rencontrer quelques bouchons en plein centre-ville. Sitôt arrivés au camping quelques minutes de marche nous emmènent devant le Parc Expo de Langolvas, accompagnés de quelques chapiteaux. Sécurité courtoise pour nous faire vérifier nos sacs, et nous voici dans l’antre de Panoramas. L’artiste qui vient nous mettre dans le bain c’est la sensation belge du moment Roméo Elvis qui démarre son show avec le morceau Nappeux, accompagné de son DJ Le Motel qui n’a pas tardé à faire hurler les premiers festivaliers. Du rap bien taillé au niveau des paroles, claquantes et criantes de vérité sur la vie réelle, et des compositions vraiment rafraîchissantes entre électro, hip hop et pop, le jeune belge a tout d’un grand.
Petite pause fricadelle par le foodtruck De Clercq avant d’atterrir au Grand Hall pour écouter le live de Fakear, alors que le caennais vient de sortir son troisième album « All Glows ». Accompagnés par ses « Maschine » l’artiste envoûte dès le premier morceau son public, dans cette texture électronique suave et aérienne qui fait sa notoriété. Une heure enchantée où Fakear parvient à faire monter d’un cran l’ambiance de Panoramas et du Grand Hall qui accueille ensuite Rone, un autre shaman de l’électro à la française qui vient nous rappeler que l’on se sent bien petit face à la musique, qu’elle est plus forte que nous et qu’elle peut également procurer de belles émotions.
Nous nous dirigeons ensuite vers la scène cachée pour aller supporter Madben. Lui aussi vient de sortir un album, son tout premier, et nous délivre un set techno bien costaud, idéal pour nous faire tenir jusque la fin. Le français nous montre encore une fois l’étendue de son talent et nous prouve qu’il est l’un des portes-paroles électro les plus forts de sa génération, avec une sélection de kicks et de basses qui nous font bien vibrer.
Nous avons commencé la soirée avec un artiste belge, nous la terminons avec une artiste belge. Star du moment Amélie Lens remplit très vite le Grand Hall avec une techno furieuse et lourde qui retourne plus d’un festivalier. Tout comme l’énergie qu’elle déploie en mixant, la jeune artiste envoie track sur track dans un esprit « cassons la baraque » qui fait vibrer le site de Langolvas. Ses missiles sonores nous frappent en pleine poitrine et sa prestation nous a laissé quelques ampoules au pied.
Le temps de rassembler nos esprits nous nous dirigeons vers le centre-ville de Morlaix et vers la gare pour rentrer à Saint-Brieuc, n’ayant pas d’hébergement sur place. Les visages sont tirés, les yeux fatigués, beaucoup dorment sur leur sac. Lorsque le TGV fait surface, nous nous dirigeons sans un mot vers nos places, le soleil accompagnant notre trajet jusqu’à ce que nous fermions les yeux, à 9H du matin.
Quelques heures après : café, brioche, douche, et c’est reparti direction Morlaix ! La fatigue du réveil dissipée, nous sommes à nouveau opérationnel pour une nouvelle nuit. Nous sommes accueillis avec Casual Gabberz pour 1H30 de « sale », le collectif parisien connu pour envoyer des tracks de gabber et des sonorités bien métalliques. Ça démarre fort et ça n’est pas pour nous déplaire ! La faim gagnant nos estomacs nous retournons voir nos potes belges De Clercq pour une fricadelle avant de retourner en piste avec MEUTE. Atmosphère festive et bienveillante sous le Chapiteau quand la fanfare dompte même les moins jeunes, autant dire que les instruments du collectif résonnent bien fort dans nos oreilles ! Voir tous ces gens sur scène c’est quand même quelque chose, surtout quand leur accords deviennent plus intenses. Une heure de musique acoustique qui nous envoûte, aussi majestueuse que capricieuse.
AU Club Sésame c’est Anetha que nous venons soutenir : la résident des soirées Blocaus à Paris semble prête à en découdre avec le public et joue une techno sombre et percutante, bien mise en valeur par l’installation visuelle fabriquée pour le dj booth. La jeune productrice tient les choses en main et sa techno opulente conquiert les plus dubitatifs : le public est enthousiaste et en redemande !
Sitôt le concert terminé direction le Grand Hall pour écouter Patrice Baumel : l’allemand distille un set subtil, dansant et de toute beauté, petit moment de douceur bien apprécié. Coup du sort Black Devil Disco Club joue en même temps sur la scène cachée, un personnage atypique de la scène électro qui détient une culture musicale d’exception. Son live, psychédélique mais plein d’ondes positives, vient nous rappeler qu’avant la techno et la house le disco faisait fureur dans les clubs, et n’est pas prêt de mourir pour autant.
Nous retournons sous le Chapiteau pour voir Oxia. Celui qui est l’auteur des hits « Domino » et « Whole Life » maîtrise clairement le sujet, avec un set bien construit et bien adapté au public. La finesse de sa musique est à souligner, efficace et punchy, avec ce genre de frétillement qui nous donne l’envie de danser. Le grenoblois ravit la foule avec des bons breaks pour bien faire monter la sauce !
Au pas de course (car oui dès fois il faut courir!) nous nous dirigeons vers le Grand Hall : le visage bien haut derrière ses claviers, le producteur Stephan Bodzin est attendu comme un lancement d’iPhone. Derrière ses lunettes c’est tout un emblème de la culture allemande qui vient se produire en terres bretonnes, avec un live d’une puissance surprenante, variant entre grosses basses rondes et belles envolées mélancoliques. Son charisme, ses gestes et ce sentiment de facilité déconcertante nous interpelle, car si l’artiste est à l’aise devant la foule nous sommes incapables d’imaginer combien d’heures Stephan a passé dans son studio pour produire des morceaux incontournables comme « Strand ». C’est un vrai voyage que nous vivons pendant près d’1H30, à la fois sonore et visuel, une chance de le voir se produire à Panoramas. Nous terminons ensuite la soirée avec la musique de Bjarki sous le Chapiteau, mystique et magique, réchauffés par le set de l’islandais qui a signé sur le label de Nina Kraviz.
Pas de doute : Pano nous a régalé et reste un festival de qualité rempli de surprises !
Crédits photographiques : GECNIV et Mickaël Hinault
Reportage : Maxime Menard