FOCUS : PARADOXAL RECORDS

Paradoxal Records : un label techno de passionnés nantais.

Fresh Flavour s’en est allé rencontrer le duo (Gwen et Ben) à l’origine du label nantais Paradoxal Records. Une belle histoire d’amitié et de passionnés qui partagent une même vision simple et minimaliste du monde underground et de la musique électronique. Une amitié dont la consécration est ce label encore très jeune mais très prometteur, à l’image d’une scène électronique nantaise toujours plus dynamique et entreprenante.

© Alice Pemptroad

 

Comment vous est venue l’idée de créer un label ?
A la base, on faisait beaucoup de production, surtout de la techno, et partager nos tracks sur soundcloud mixcloud ou youtube. Mais ça ne nous suffisait plus. On voulait que d’autres artistes souvent très bons mais qui n’ont pas forcément les moyens de faire du bon son aient l’occasion de le faire. En terme de qualité et rendu sonore (mixage et mastering) c’est difficile d’avoir un bon rendu quand on fait tout chez soi. On avait aussi pour objectif de réunir sous une seule bannière différents artistes dont les tracks soient en adéquation avec notre manière de considérer la production musicale (choix des sons utilisés, l’agencement des morceaux, l’ambiance et l’atmosphère qui s’en dégagent). Puis en février 2014 on a décidé de se lancer.

Pourquoi Paradoxal Records ? On a choisi le terme “Paradoxal”, car c’est pour nous celui qui décrit le mieux notre conception de la vie et de la nature. Il nous rappelle l’idée d’une unité des contraires, une contradiction entre logique et réalité, à l’image du triangle de Penrose dont on s’est d’ailleurs inspiré pour faire notre logo. Une figure géométrique concrète visuellement mais techniquement impossible à mettre en oeuvre. C’est l’idée d’un aspect visible mais complexe à concevoir. La musique pour nous c’est aussi le moyen d’exprimer ce qui ne peut être saisi par la logique ou la raison.

© Owen Chikazawa

Comment décririez-vous votre identité musicale ?
Ayant des inspirations musicales très larges, allant de la new wave, au blues, en passant par le métal, la musique classique, le hip-hop ect, ces genres constituent une matière fournie : un terreau abondant pour nous permettre d’apprécier un morceau, mais toujours sous le prisme de la techno. Par exemple, un morceau peut nous plaire car la manière dont l’artiste à placer ses Hit Hat, ses clap, son kick, ou ses synthés, nous a renvoyé à une de nos références musicales. Mais nous restons principalement sensibles à l’ambiance qui se dégage du morceau. On préfère les ambiances « dark » « froide » et « minimaliste » même si nous ne nous confinons pas à ces seuls qualificatifs. Cette identité nous l’avons acquise au fil du temps, à l’image de nos premières releases dont le genre ne correspond plus vraiment à celui d’aujourd’hui car nous avons de ce fait acquit une certaine maturité qui nous permet d’affiner et confirmer l’identité musicale du label. Mais nous restons cependant très ouverts malgré le souhait de cadrer le label dans un genre proche de ce que nous voulons partager. Si demain nous recevons une track d’un tout autre genre qui nous marque, nous ne la laisserons pas nous échapper. Après toute l’ouverture d’esprit est une des plus belles valeurs du monde underground.

Sur quelles plateformes vos tracks sont-t-elles disponibles ?
Sur les plateformes classiques, Beatport, Juno, Deezer, Spotify …

 

Est-ce difficile de gérer un label comme le vôtre, et auriez-vous quelques conseils à donner à nos lecteurs qui voudraient créer leur propre label ? Concrètement, et surtout à notre niveau, nous ne pouvons pas dire que ce soit difficile, sans que cela soit simple non plus. L’aspect financier est le premier obstacle. Pour le moment, nous prenons en charge le mastering avec des prestataires de qualité et tout cet argent sort de notre poche, même si l’objectif à terme est de pouvoir faire le mixage et le mastering nous-même. C’est une manière aussi de garder le contrôle sur l’identité sonore du label, même si un premier filtre s’effectue lors des écoutes et du choix des démos que nous recevons. En terme de temps, c’est aussi un gros investissement, surtout pour la création de certains covers qui, malgré nos compétences en graphisme, demande beaucoup de temps et de travail, sans que cela reste une contrainte évidemment. Il y a tout un travail de recherche graphique sur les releases qui doit convenir à l’artiste.

Il y a également une grosse phase d’écoute de morceaux qui abondent sur les médias et certains artistes ont vraiment des choses intéressantes à proposer alors qu’ils n’ont pas forcément de visibilité. Il arrive parfois qu’un artiste fasse mouche et c’est à ce moment-là qu’on peut prendre contact avec lui, quand ce ne sont pas eux qui viennent à nous. C’est vraiment gratifiant surtout lorsque le label fait écho jusqu’en Allemagne ou en Amérique latine.
Et nous travaillons avec LabelWorx, c’est une plateforme online de gestion de label qui, concrètement, facilite grandement l’organisation d’une release, allant de sa création jusqu’à sa publication sur Beatport. Donc si nous avions un conseil à donner, outre le fait d’être motivé et organisé, c’est d’être avant tout passionné dans chaque domaine qui intéresse, et pas seulement musicalement. Aussi, être constamment aux aguets artistiquement, nourrir sans relâche sa propre culture musicale, sans perdre de vue les rapports humains lors des échanges, qui sont tout aussi importants et nécessaires pour rester dans une dynamique créative saine. C’est ce côté altruiste et humilité qui nous plait le plus dans ce qu’on fait.

Quelle est la release dont vous êtes les plus fiers ? Il y en a deux qui sortent du lot. Tout d’abord Breath Of Tokyo de Simon Haubert aka Barrel, jeune et talentueux artiste allemand qui nous a offert un EP riche et profond sur notre label avec une atmosphère musicale éthérée mais accessible, des sonorités dissonantes mais toujours agréables à l’oreille, des basslines efficaces et des synthétiseurs résonnants.

Puis il y a sa track STKLM qui nous fait vibrer et nous rappelle les vieux tubes techno des années 2000. Puis il y a la release Chromopolis d’Alex Blumen aka Desolate, qui nous a permis de nous faire découvrir son talent de producteur en nous proposant un EP pur et minimaliste.

Même s’il est composé simplement de 2 tracks, elles n’en restent pas moins très proches de ce que le label souhaite mettre en avant, à savoir une ambiance froide par sa simplicité et chaleureuse par la binarité de son groove. Comme nous l’avons dit plus haut, nos inspirations résident également dans l’affection que nous portons à l’égard d’artistes de références tels que Lewis Fautzi, Donato Dozzy, Oscar Mulero, Giorgio Gigli…

Sinon, nous avons aussi remarqué que vous étiez tous les deux de véritables machines à produire, est ce que vous pouvez nous en dire un peu plus sur vos productions ? Gwen aka Joon Feulster :  : il est vrai que si nous aimons partager des artistes qui nous plaisent, nous aimons aussi produire nos propres morceaux. j’aime tout autant produire des tracks dark et ambient à l’image de Hurtbeat  ou Reboot  faisant la part belle au synthétiseur Prophet 12 de Dave Smith Instrument, que des tracks orientées techno ou house sans délaisser le genre acid techno que j’affectionne tout particulièrement. D’ailleurs mon EP sorti sur le label ARTS Digital en est le parfait exemple avec la track Hypnagogia . Sinon j’ai aussi un side project beaucoup plus intime, Ghosts Of Seoul, avec lequel je me suis donné la liberté d’emprunter les codes des styles musicaux typiques des années 80 qui ont bercé mon enfance comme la New Wave ou la Synth Wave, en essayant de les rendre plus modernes et actuels, je pense à la track Broken, sorti sur WRN Records

Benjamin aka Candeed  : pour ma part, je mise beaucoup sur le live, j’ai réussi à me constituer un set up très intéressant pour m’investir dans mes productions, comme la drue machine Tempest de chez Dave Smith, lAnalog Four ou le clone de la TB303 d’Acidlab. Pour ce qui est de mes goûts musicaux, j’écoute essentiellement de la Techno, j’affectionne particulièrement la scène italienne actuelle, avec des artistes tel que Claudio PRC, Fabrizio Lapiana, Luigi Tozzi et Neel pour ne citer qu’eux.

Je vous invite aussi à écouter le side project The gods planet composé de Claudio PRC et de Neel, qui à mon sens est vraiment un super duo. Ils nous délivrent une techno très complète ou des projets tels que Codex Empire, Oscar Mulero et Stroboscopic Artefact, le label créé par Lucy également Italien et Ilian Tape, le label créé et géré par Dario et Marco Zenker, qui regroupe son lot de talentueux artistes.

 

Enfin, quels sont les projets de Paradoxal Records ? Avez-vous des évènements à venir ?
Il est arrivé que nous ayons joué aux Caves ou au Ferrailleur, sous l’étiquette Paradoxal Records, à chaque fois c’étaient de bons moments surtout pour se faire plaisir à sortir nos vinyles ou nos machines. Mais organiser des events à proprement parler n’est pas notre objectif principal en tant que label. Depuis quelque semaines nous avons souhaité nous concentrer sur notre souhait de départ, rassembler des artistes qui nous plaisent et les promouvoir sous notre bannière de façon à constituer un vivier artistique intéressant. Mais l’idée de faire un vrai showcase digne de ce nom est toujours d’actualité. Puis comme nous avons voulu restructurer notre label et nous impliquer davantage dans ce retour aux sources, deux EP sont en cours et sortiront prochainement. Sans compter les podcasts. Enfin, parce que nous sommes très attachés à Nantes, nous aimerions produire un EP 100% nantais, avec des artistes locaux qui correspondraient à nos attentes musicales, et nous avons déjà quelques pistes. Donc nous lançons un appel à ceux et celles qui aimeraient participer à notre projet, en le faisant vivre musicalement et en l’alimentant grâce à notre passion qu’est la musique !

Merci aux auteurs de Paradoxal Records de nous avoir accordé de leur temps pour nous conter leur histoire !

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