INTERVIEW : VOIRON | REPORT PANORAMAS 2017
Né à Paris mais ayant grandi en Bretagne, Valentin Voiron s’est fait un nom sur la scène française. Ces sorties remarquées sur Rave or Die, Craki Records ou Nocta Numerica sont régulièrement jouées par ces pairs. Entretien décalé à quelques heures de son set, avec un artiste cool et doué.
Photo de couverture : @ VOIRON FACEBOOK
Tu peux nous dire d’où vient ce blaze ?
C’est tout simplement mon nom de famille mais je crois qu’il y a une ville près de Grenoble qui s’intitule pareil mais aucun rapport !
Ça fait combien de temps que tu fais de la musique ?
Ça commence à faire un petit bout de temps, j’ai trente ans cette année et j’ai commencé à faire la musique à la fin du collège, après avoir acquis une platine vinyle. Je faisais du scratch à l’époque, c’était la mode, mais c’était pas vraiment mon point fort. Avec des potes on avait téléchargé des logiciels de MAO comme Reason, on avait pas de bases mais on était fan de musique électronique, on voulait produire et s’amuser. Ça avait un côté un peu nerd, on était les seuls à écouter de la musique électronique au collège et au lycée.
Quelles ont été tes premières influences/claques musicales ?
Dans notre groupe de potes, il y avait un grand frère qui avait pas mal de CDs, mais aussi des machines. Il écoutait beaucoup de trucs comme Aphex Twin principalement, les sorties sur Ninja Tune, de la drum’n bass aussi. Je me rappelle qu’on avait saigné un mix de Dj Sextoy qu’on avait eu par hasard.
Il y a un événement qui t’a particulièrement marqué ?
La première vraie grosse claque c’était mon premier Astropolis en 2005. C’était les dix ans du festival, il y avait une scène avec le Folklore de la Zone Mondiale (label des Bérus, qui effectuait une reformation surprise pour l’occasion) qui réunissait plein d’artistes punk, avec un closing assuré par Manu Le Malin et Destroyer, du hardcore super vénère. Sur la scène de la Cour, c’était carte blanche à Undergroud Resistance avec Mad Mike et Galaxy 2 Galaxy. On était bénévole, on avait eu vraiment l’impression de faire parti de l’évent, c’est un super souvenir.
Toi qui a vécu en Bretagne, comment décrirais-tu le public breton ?
Mmmh, déjà il est fortement alcoolisé (rires). En règle général, je fais parti de ce public, mais je me rends compte que le public est bien à fond devant l’artiste, et que les bretons n’hésitent à pas à se déplacer relativement loin de chez eux pour assister aux concerts. C’est un public fidèle.
Comment décrirais-tu ton style ?
C’est un mélange de ce que j’aime. On peut retrouver des influences de raves belges un peu crades, de l’électro à la Dopplereffekt, mais aussi de l’électro un peu expérimentale à la Aphex Twin. J’aime bien le terme Brain Dance (autre nom de l’Idm : Intelligence dance music), même si je n’ai pas la prétention de dire que je fais parti de cette mouvance, mais ça réunit un large spectre musical. On assiste à une démocratisation de ce qu’on jugeait comme de la musique de nerds aujourd’hui. En ce moment, j’écoute beaucoup de musiques plus extrêmes : du harcore, de la doomcore. J’aime tous ces styles, et je vois un lien entre chaque. C’est vraiment l’esthétique qui me plaît.
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Si tu pouvais jouer dans n’importe quel type de lieu, où te produirais-tu ?
Je n’aime pas trop jouer la journée, je suis plutôt un noctambule. Je n’ai pas un lieu de prédilection en particulier, il me faut juste un soundsystem de qualité, un laser qui fait tomber le plafond et des gros balayages. Quelque chose de plutôt sombre, pas vraiment un bar de plage. Je m’amuse plus sur la musique un peu sombre et triste, même si j’aime quand même bien les trucs happy hein ! (rires).
Pour toi, ça représente quoi Panoramas ?
La première fois que je suis allé à Pano c’était en 2004, puis rapidement ça a suivi. C’était un des premiers festoches où mes parents ont bien voulu que j’aille, j’ai fait du bénévolat aussi. A l’époque il y avait toujours une tête d’affiche rap, je me rappelle bien de RZA. J’étais un adepte des soirées à Coatelan. Au parc expo, j’ai un super souvenir d’un concert de Joey Starr. Dans la foulée il y avait Dj Assault, il y avait moins de monde. On s’est retrouvé vraiment peu nombreux à danser devant Dj Assault, alors qu’à mes yeux son set est mon meilleur souvenir de Panoramas.
Quelques projets pour la suite ?
Maud Geffray (moitié du groupe Scratch Massive) sort son album le 12 mai, j’ai fait un remix sur son album. Mais aussi un remix de Drvg Cvltvre pour un label qui s’appelle Diffuse Reality. En ce moment je réunis tous mes morceaux, j’aimerais pouvoir faire un album. Mais je ne sais pas encore quelle direction artistique adopter pour cet album. Soit je pense me diriger vers un projet global, soit plein de petites sorties. J’ai une centaine de morceaux en attente, à voir maintenant ce que j’en fais.
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Dernière question Voiron, comment te vois-tu dans dix ans ?
Étonnamment, je préfère produire mes sons plutôt que de jouer dans les festoches. Je ne dis pas que ce n’est pas un plaisir d’être là ce soir, j’espère bien évidemment continuer à jouer de la musique. Mais je fais de la cuisine à côté, pourquoi pas ouvrir un resto sur Paris ?
Question subsidiaire : Du coup after chez oit ce soir ?
Oh non arrêtez ! (rires) Je ne fais pas particulièrement d’after chez moi, j’ai donné ce nom à ce titre un peu par hasard. C’est un peu trop happy d’ailleurs, ce morceau ne ressemble pas aux autres que j’ai fait, c’est marrant.
Rendez-vous pris à 2h15 sous le chapiteau du festival. Choses promises, choses dues, Voiron électrise les festivaliers grâce à un set efficace et old school.