ABSTRACK, ENTRE EXPRESSION ARTISTIQUE ET FÊTE INFINIE

Leur empreinte sévit de plus belle et l’association n’est pas prête de s’arrêter. Rencontre avec Abstrack, à l’origine du festival Residanse (mais pas que …)

Pouvez-vous présenter votre association à ceux qui ne vous connaissent pas ?

L’association Abstrack est née il y a maintenant 7 ans. C’est une association qui organise des événements culturels, artistiques et plus largement de dance music, au sens où la musique qui y est jouée se danse. Mais aussi un collectif d’artistes, un sound system, une webradio et très prochainement un label vinyl. Nous attachons une éthique particulière au sens de la fête car nous maîtrisons tout, que ce soit de la production au graphisme en passant par la communication ou la gestion du bar par exemple. Aujourd’hui nous sommes heureux de voir que des gens nous suivent pour la musique, mais aussi pour son atmosphère.

Dés le début de l’histoire d’Abstrack nous avons attaché une importance à l’aspect immersif de nos événements que ce soit dans les bars ou les clubs de l’Altercafé au CO2. À l’Altercafé justement, la première était un 30 décembre, une date pas facile car à cette période les gens se préparent pour le réveillon. Ca a cartonné et c’est ainsi que nous avons démarré l’aventure avec le duo Analogik Resistant qui jouait en live. La création de l’association et les Faktice sont arrivées par la suite.

L’évolution s’est faite dans le temps mais le plus important reste que nous avons dès le début souhaité véhiculer des valeurs : un principe de partage, d’implication du public dans la fête, de valeurs sociales.

Nous avons toujours été amoureux des expressions artistiques. C’est un cadre que nous aimons et que nous avons eu envie de créer au sein des événements. Pour nous, un événement c’est une œuvre totale, quelque chose de cohérent et immersif. L’individu y a une place importante.

Est-ce que les Fréquence Pure sont vos derniers événements en date ?

Effectivement notre dernière série d’événements reste Fréquence Pure, une vraie « résidanse ». Ça a été la consécration parce que nous avions tout ce que nous voulions : en terme de durée, de format, dans la proximité avec le public, plongés dans le noir avec une boule à facettes et notre système son en quadriphonie, aucun line-up annoncé et des sets de minimum 5H. Le DJ peut ainsi façonner son univers dans le temps et le danseur peut s’immerger sans pression dans la musique. Fréquence Pure c’était aussi une esthétique, physique, langoureuse, une vraie exploration des styles et des sens. Ça a duré une année mais elle restera inoubliable.

Pourquoi avez-vous décidé de monter le festival ?

Residanse c’est une manière de réunifier tous nos projets : à l’époque nous avions des live acts, des afterworks, les sonos mondiales, plusieurs éditions au Nid, les Voodoo … Tout était différencié puis un jour nous avons réfléchi à l’idée du festival ; nous sommes fan des fêtes qui ne s’arrête pas et nous voulions quelque chose qui perdure, quelque chose de marathonesque.

Les deux premières éditions avaient lieu sur l’Île de Nantes et des lieux emblématiques de la ville, mais cette année nous avions envie d’habiter le quartier de Chantenay, un lieu qui n’a pas changé contrairement à d’autres endroits. C’est un symbole historique car il reste des lieux à protéger, à réhabiter différemment. Bien sûr l’activité navale n’est plus là mais c’est beau de préserver des lieux comme celui-ci ; ça crée du lien avec l’histoire de la ville, avec les résidents comme avec les artistes et ceux qui façonnent la fête.

Est-ce que la ville de Nantes vous soutient dans vos initiatives ?

Il y a clairement un décalage entre l’annonce politique et ce qui se passe réellement à Nantes. Il y a trop souvent de la forme sans fond. Selon nous, il y a trop souvent d’initiatives construites de toutes pièces avec peu de soutien de la scène locale que ce soit en musique, art contemporain, poésie etc… Nous avons essayé d’entamer des discussions à propos de la nuit, des questions relatives à l’exploitation festives de lieu non prévu à cet effet, mais rien n’a aboutit. Nous ne demandons pas de subventions, mais simplement que les élus soutiennent des projets inédit et audacieux proposés par les collectifs actifs de la ville pour ainsi être en accord avec « L’éloge du pas de côté » du Voyage A Nantes.

Il y a plein de lieux en transition, par exemple des bâtiments inoccupés pendant un ou deux ans, et nous aimerions qu’ils soient occupés par des événements notamment culturels.

Mais à Nantes, le rapport avec les projets de ce type est un peu schizophrène. De plus la ville se gentrifie, conséquence de leur politique touristico-culturelle. Les logements sont donc plus en plus chers et difficile à trouver, quant à nos événements, nous les exportons de plus en plus hors du centre ville…

Vous n’êtes pas seulement impliqués à Nantes. Comment se fait-il que vous ayez monté un festival en Afrique ?

Nous avons monté le Good Morning Africa en avril 2017, un festival qui en est à deux éditions. Il est né d’une rencontre avec l’artiste togolais Ametek De Kemet (d’une quarantaine d’années) qui vit à Nantes et originaire d’Alawogbe, un petit village du Togo. Il avait envie de créer un festival culturel, avait quelques idées mais pas d’équipe ; la bas nous organisons une résidence artistique d’une semaine réunissant des artistes de disciplines variés, de france, du togo ou encore du bénin. De plus nous travaillons sur les traditions locales, afin de continuer de les faire vivre, sans les muséïfier mais plutot en opérant une filiation artistique. Le résultat, entre tradition et modernité, est juste merveilleux. Le résultat de tout de l’édition 2018 est à venir.

Comment voyez-vous cette troisième édition Résidanse ?

Elle est la plus réfléchie et la plus aboutie, autant en organisation qu’en programmation. Nous n’avons jamais été aussi proche de nos attentes parce que nous faisons les choses avec cœur et avec générosité ; par nos rencontres, nos moments de grâce et nos valeurs l’histoire Abstrack continue. Faites-nous confiance !


Abstrack a donné naissance à la radio DY10, à l’agence de graphisme Studio AA ainsi qu’à un label qui verra le jour le 26 septembre 2018.


Propos recueillis par Maxime Ménard. Merci à Valentin Tisserandet et Justine Thomassin pour leur accueil.