QUI EST LE PROGRAMMATEUR DE NÖRDIK IMPAKT ?

Stéphane Rageot est le programmateur du festival Nördik Impakt à Caen, et ce depuis plusieurs années. Normand d’adoption nous avons pu lui poser quelques questions avant d’être au coeur de la fournaise électro. Portrait.

 

Quel a été ton parcours dans l’événementiel et comment as-tu intégré l’équipe du festival ?

Je suis originaire de Rennes et j’ai démarré l’organisation de concerts depuis 1988. Avec deux amis, Gaelle Poulain et Florian Denis, nous avons ensuite organisé des soirées à l’Ubu dès 1996, des soirées qui ont bien fonctionné. Nous avons été bien accompagnés par l’équipe des Trans-Musicales, un vrai moteur dans notre travail, et Nördik Impakt venait flyer chaque année. La rencontre s’est faite naturellement jusqu’à ce que j’intègre leur équipe.

19ème édition du festival, un des événements électroniques les plus attendus de la saison en France et surtout dans le Grand-Ouest, et une programmation qui encore une fois s’avère alléchante, comment as-tu travaillé ce line-up ?

Ça dépend des opportunités et des envies : il y a des artistes qu’on essaie de solliciter une année sur l’autre comme par exemple Pan-Pot, cela faisait un moment qu’on essayait de les avoir sur le festival et cette année c’est possible. Je pense aussi à des producteurs tel que Red Axes ou Amélie Lens qui montre que la scène belge se réveille ; d’une idée à une autre la programmation se construit, et ce sont tous ces petits coups réussis qui nous font tous plaisir.

© Jacob Khrist

Une des recettes gagnantes du festival réside dans la capacité à fédérer plusieurs styles de musique électronique, est-ce un fil rouge élémentaire dans la longévité d’un festival selon toi ?

Oui totalement : on a l’opportunité d’avoir le Parc Expo pour deux soirs d’exploitation, avec trois scènes le vendredi ainsi que le samedi soit six variantes de styles. On touche à la bass music, à la techno dure voire hardtechno, à une house plus expérimentale et des choses plus pointues comme Red Axes, Marvin & Guy. Quand on regarde aujourd’hui ce qui se fait en matière de tech house on se rend compte que tous les festivals en programment, il faut être curieux et sortir des sentiers battus. Il faut que ce soit des choses qui vont plus loin que le grand public.

En comptant les 3 scènes du Parc des Expositions, plus tous les concerts, ateliers et expositions, le festival s’ancre totalement dans la ville de Caen. A t’elle toujours été une ville électro ?

Je ne suis pas originaire de la Normandie donc je ne peux pas vraiment répondre à cette question. J’y suis arrivé il y a 12 ans et la musique n’était alors pas super bien défendue même si la salle Georges Brassens a marqué les esprits pour la scène rock. Mais 19 ans de Nördik ça crée un public, déjà pour la musique électronique mais aussi pour plusieurs générations : beaucoup de caennais ont grandi avec le festival et des producteurs ont aussi réussi à percer comme Fakear, Raïto, Madame, Superpoze ; voir ces projets musicaux émerger c’est une belle fierté. Si le succès est là je n’oublie pas les Trans qui nous ont beaucoup influencé.

Il y a de très belles têtes d’affiches cette année, comme Amelie Lens, Modeselektor, Radical Redemption ou encore Tale Of Us, mais aussi de très bons artistes locaux. Quel est ton point de vue sur la scène locale ?

Clairement il faut la défendre. Il y a beaucoup de projets qui émanent de Caen, le festival donne des envies et il y a des gens qui s’externalisent : Raïto et Madame sur Boyz Noise, Fulgeance sur Ed Bangers, les artistes sortent de leurs frontières. Cette scène dynamise la ville, on la ressent sur le festival.

© Jacob Khrist

Est-ce que tu trouves que l’attente des festivaliers sur la programmation a changé depuis ces dernières années ?

L’attente reste la même : écouter de la musique, faire la fête avec les copains et les copines, vivre une expérience. L’envie est de se retrouver dans quelque chose qui sort du quotidien.

Plus globalement qu’est-ce qui te plaît dans le métier de programmateur ?

Ce qui me plaît c’est d’avoir le choix, se dire à un moment « tiens ça c’est chouette » . Dans la découverte il y a de l’émotion, et cette chose palpable me permet de présenter un projet au Cargö et au festival (Stéphane est également programmateur au Cargö, ndlr)

Nördik Impakt est-il le seul gros événement annuel de la région ?

On dit souvent que la Bretagne est une terre de festivals mais la Normandie également. Notre région est vraiment variée avec Beauregard, les Papillons de Nuit, Art Sonic, Chauffe dans la Noirceur, Jazz sous les Pommiers et j’en oublie … Au niveau culturel Caen illumine la Normandie avec deux cinémas d’art et d’essai, deux théâtres, un centre dramatique ainsi qu’un centre chorégraphique. Question événement ça bouge énormément !

Au fait, pourquoi Tonton ?

C’est une bande de copains qui m’a donné ce surnom, ça fait très longtemps que je le porte mais il y a aussi un côté pratique à être anonyme. On a tous des surnoms !

Propos recueillis par Maxime Ménard

Nördik Impakt se tient du 18 au 21 octobre 2017 à Caen en Normandie.